Visite du musée du chocolat de Paris
En ce jeudi 18 novembre, 8 membres de l’association s’étaient donné rendez-vous au 28 Boulevard Bonnes Nouvelles dans le 10e arrondissement pour visiter le musée du chocolat de Paris. Si l’établissement ne vient d’ouvrir qu’en février 2010 après ses homologues de Bruges et Prague, il n’en demeure pas moins le plus important et abouti. Accueillis par Monsieur Stignen, nous avons pu parcourir l’histoire du chocolat au travers des différents objets ramenés des quatre coins du monde par le collectionneur Monsieur Von Belle. Bien que le musée soit particulièrement axé sur le côté culturel et historique du chocolat, nous avons pu agrémenter ce parcours de quelques dégustations, c’est ce que nous verrons par la suite…
Avant d’aborder plus précisément le contenu des trois étages constituant le bâtiment, rappelons que ce musée ne présente que des pièces authentiques, qu’il évolue en permanence et propose même deux expositions temporaires par an en fonction des voyages du collectionneur. Dans la même idée, les films projetés sont sans cesse renouvelés et sont tous des créations de ce véritable passionné de chocolat.
Au rez-de-chaussée, les premiers dioramas nous expliquent la biologie et la génétique du cacaoyer. Même pour les amateurs avertis que nous sommes, c’est l’occasion d’apprendre une quantité de détails comme par exemple le fait que le bananier, souvent associé au cacaoyer par l’ombre qui lui confère, n’est pas un arbre mais bel et bien une plante. Une particularité du cacaoyer réside dans le fait que ses fruits (cabosses) poussent directement sur le tronc et que seulement 1 à 2% des fleurs sont pollénisées et pourront éventuellement donner naissance à ce produit rare et délicat qu’est le cacao. Nous sommes tous impressionnés d’apprendre que trois variétés seulement de cacao sont cultivées (criollo , forastero , trinidad) alors que des dizaines de milliers ont été recensées à l’état sauvage. Notre guide nous rappelle également l’origine divine du cacao apporté aux hommes par le dieu Quetzalcóatl. Traitée comme telle, cette boisson divine était réservée à certaines castes : guerriers, familles royales, prêtres… mais aussi certains commerçants qui l’utilisaient pour ses effets dynamisants et affronter la pénibilité de leur travail. A noter qu’à partir de février 2011, une exposition sur « le chocolat et la santé » d’après les dernières études du Dr Robert nous renseignera sur les vertus de ce produit miracle vieux de plus de 4000ans ! Le musée présente une pièce exceptionnelle datée de -2000ans avant JC. Ce « metate », logo de la maison du chocolat que les gourmands doivent certainement avoir en tête, servait à broyer les fèves une fois torréfiées et ainsi obtenir la fameuse « masse de cacao » ou « pâte de cacao » que l’on utilise encore aujourd’hui. Nous apprenons également que la fève servait de pièce de monnaie de part sa très bonne conservation dans le temps. Quelques conversions nous ont valu des éclats de rire : un lapin coutait 10 fèves, un esclave 100 fèves… je vous laisse imaginer nos différentes estimations quant au prix d’une femme ! Cette première section du musée se termine alors par la présentation de différents gobelets, cruches et moussoirs datant de la période Aztèque et Maya.
Au 1er étage, nous apprenons que le chocolat n’est devenu une boisson sucrée qu’à partir du 16e siècle. Il n’y a donc qu’à peine 500ans que nous déclinons la traditionnelle recette espagnole de cette boisson restée épicée mais non sucrée jusqu’à la conquête ibérique. Place alors à une question que tout aficionado s’est un jour posée. Le cacao, boisson ou aliment ? C’est la religion qui tranchera en classant ce produit dans la catégorie liquide et donc en l’autorisant pendant le Carême. Après d’autres informations historiques comme par exemple l’arrivée du chocolat en France à Bayonne par les juifs portugais chassés de leur pays, nous retraçons le parcours du cacao depuis la fève jusqu’au beurre, poudre et autre pâte de cacao. C’est l’occasion de taquiner notre guide en le lançant sur la polémique quant à savoir si le chocolat blanc est bien du chocolat ! Nos avis divergent quelque peu … mais ces échanges argumentés et conviviaux ont le mérite de rappeler à beaucoup que le pourcentage de cacao affiché sur une tablette s’obtient en additionnant le pourcentage de cacao issu de la masse de cacao à celui issu du beurre de cacao mais que nous n’avons jamais l’information concernant les proportions pourtant déterminantes dans la qualité du produit fini. Puis c’est un rappel historique sur l’évolution des techniques de travail du chocolat avec quelques dates marquantes comme l’invention de la 1re tablette en 1847 par Fry, le 1er chocolat au lait par le suisse Daniel Peter en 1875 ou le procédé de conchage mis au point par Lindt en 1879. Notons également que cette section du musée abrite une collection de chocolatières tout à fait remarquables.
Nous nous dirigeons ensuite au sous-sol où une magnifique exposition de photos nous accueille. Intitulée « Ka’Kawa », celle-ci nous emmène sur les traces du cacao originel : le « Réal ». Enfin dans le laboratoire du musée, nous sommes conviés à une démonstration sur la confection de bonbons fourrés. Nous prenons bien évidemment le temps de les goûter ainsi que les pistoles de chocolat de couverture les composant. Nous testons de ce fait les produits d’un couverturier belge nommé « Belcolade » qui devons nous l’avouer nous a déçu aussi bien par sa pure origine lait Venezuela à 43% que noire Mexique à 70%. Le praliné lait à la couverture épaisse et à la texture extrêmement grasse n’a pas laissé une impression plus favorable.
Avant de nous séparer et nous replonger dans le froid, nous reprenons quelques forces au travers des différents chocolats chauds proposés par le musée. Beaucoup de membres s’essayent à la recette traditionnelle espagnole déjà très épicée avec la cannelle, l’anis, le poivre et le clou de girofle quand d’autres plus aventureux s’enflamment les papilles avec la recette « Aztèque » très intense en piment.
Nous avons passé une après-midi très agréable et dans la bonne humeur chacun a pu apprendre encore davantage sur cette passion décidément inépuisable qu’est le chocolat.